Sarkozy vu par nos voisins européens
Vu de Belgique, les médias français ont tous rallié Nicolas Sarkozy.
Par connivence ou par calcul.
Les Français ne s'en rendent peut‑être plus compte tellement ils ont le nez dedans, mais vue d'ici la manière dont la quasi‑totalité des médias s'est rangée en ordre de bataille derrière Sarkozy est proprement sidérante. Ce type peut dire tout et son contraire sans que personne ou presque ne s'en émeuve, de même qu'est notée comme anecdotique l'incroyable posture qui consiste en tant que ministre de l'Intérieur à organiser une élection à laquelle on se présente. De plus, question conneries, Sarkozy se permet tout et effrontément sans que quiconque relève la supercherie : plus c'est gros, mieux ça passe. Un exemple : dans la seule émission de TF1 du 5 février, il assène que la moitié des salariés français gagnent le smic ; vérification faite, ils sont 17 %. Il parle du baril de pétrole qui aurait atteint 90 dollars alors qu'en réalité il n'a jamais dépassé les 78 dollars ; puis, emballé par sa démonstration, il évoque ces temps affreux où l'inflation, en France, était à 24 %. Depuis que les statistiques existent, le pic le plus élevé indique 14 %. Tout faux, donc, et plus grave que la "bravitude" lâchée par ségolène Royal. Mais peu importe, c'est elle qui est conne. D'ailleurs, une femme, hein...
Comment expliquer cet alignement ? Eh bien, c'est une belle histoire d'amitié entamée en 1983, et cultivée et arrosée sans relâche depuis.
Patiemment, le déjà futur président de
éditoriale de son patron sans risquer sa tête ‑ comme Alain Genestar (pas vraiment un gauchiste), le boss de Paris‑Match, viré pour avoir publié des photos de Cécilia Sarkozy et de son amant ? Et puis, dans le fond, il est plus facile de se glisser dans le courant dominant que de ramer à contre‑courant. Puisque les jeux sont faits, nous dit‑on, pourquoi passer pour le ringard de service ? Je vous le demande. Tous les journalistes ne sont pas des héros.
Cette presse bien‑pensante court pourtant un double risque : écoeurer les électeurs et une fois de plus leur donner l'impression qu'ils n'ont pas le choix, que l'affaire est pliée. Sans remonter jusqu'à Balladur en 1995 qui allait triompher les doigts dans les narines, c'était cousu, rappelons‑nous le référendum de 2005 sur
Léon Michaux